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Le TERRORISME: une PROBLEMATIQUE du NARCISSISME

Posted on 22 février 2017 0

Le DSM-5, identifie 10 troubles de personnalité spécifiques dont la personnalité narcissique. Les critères diagnostiques de celle-ci sont demeurés les mêmes que ceux du DSM-IV, ils sont caractérisés par des fantaisies ou des comportements grandioses, un besoin d’être admiré et un manque d’empathie.
Un trouble de la personnalité est un mode de fonctionnement durable :
• qui dévie notablement de ce qui attendu dans la culture de la personne,
• qui est rigide et envahit des situations personnelles et sociales très diverses,
• qui est déjà présent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte,
• et qui est la source d’une souffrance ou d’une altération du fonctionnement.
Cette condition affecte 1 % de la population.
Notez que le diagnostic de trouble de la personnalité est difficile à poser pour plusieurs raisons : certains troubles de personnalité présentent des points communs avec d’autres troubles ; les modes de fonctionnement caractéristiques ne sont, bien souvent, pas reconnus par la personne atteinte ou encore ne sont pas reconnus comme étant problématiques ; ou à l’inverse la personne peut se reconnaître trop facilement dans les critères et surestimer l’importance de traits qui ne sont, par exemple, pas durables et envahissants.
Le mot narcissisme dérive d’un personnage de la mythologie antique, Narcisse, dont l’histoire est racontée notamment dans Les Métamorphoses d’Ovide (livre III, v. 339-510). Narcisse, amoureux de sa propre image, se mira de trop près dans l’eau de la rivière et s’y noya. Freud en a tiré en 1914 le terme de narcissisme4 pour désigner l’amour de soi, qui constitue une phase normale dans la constitution de la personnalité de l’enfant. Il distingue alors un narcissisme primaire (l’enfant se prend lui-même comme objet d’amour avant de se porter vers un objet extérieur) et un narcissisme secondaire (le sujet retourne vers lui-même déçu de ne pas avoir obtenu la satisfaction de son désir extérieur).
La psychologie clinique s’est approprié la notion et a tenté de proposer une définition clinique du narcissisme comme trouble se manifestant dans l’environnement social par des symptômes comportementaux caractéristiques qui permettent de le diagnostiquer, indépendamment du processus de la cure analytique et de l’histoire intime du patient.
Le trouble de la personnalité narcissique est décrit dans le Diagnostic and Statistical ManualDSM-IV qui classifie chaque trouble de la personnalité dans un groupe parmi trois, en fonction des symptômes qui les caractérisent5. Cette classification place le trouble de la personnalité narcissique dans le groupe B des troubles de la personnalité, troubles caractérisés par un sentiment excessif d’importance personnelle. Ce groupe inclut également le trouble de la personnalité borderline, le trouble de la personnalité histrionique et le trouble de la personnalité antisociale.
Le trouble de la personnalité narcissique est également répertorié dans le Manuel de Classification International des maladies (CIM) ICD-10 publié par l’organisation mondiale de la santé. Le CIM décrit le trouble de la personnalité narcissique négativement, comme « un trouble de la personnalité qui n’entre dans aucune rubrique spécifique ». Le trouble de la personnalité narcissique est relégué dans une catégorie intitulée « Autres troubles de la personnalité spécifiques », qui inclut également les troubles excentrique, « haltlose », immature, passif-agressif, et psychoneurotique.
Les symptômes apparaissent au début de l’âge adulte. Le sujet narcissique recherche une gratification en lui-même, et s’attache peu au jugement des autres, est très focalisé sur ses problèmes d’adéquation personnelle, de puissance et de prestige2. Le trouble de la personnalité narcissique est étroitement lié à l’égocentrisme.
Caractéristiques
Le trouble de la personnalité narcissique est décrit dans le Diagnostic and Statistical ManualDSM-IV qui classifie chaque trouble de la personnalité dans un groupe parmi trois, en fonction des symptômes qui les caractérisent5. Cette classification place le trouble de la personnalité narcissique dans le groupe B des troubles de la personnalité, troubles caractérisés par un sentiment excessif d’importance personnelle. Ce groupe inclut également le trouble de la personnalité borderline, le trouble de la personnalité histrionique et le trouble de la personnalité antisociale.
Le trouble de la personnalité narcissique est également répertorié dans le Manuel de Classification International des maladies (CIM) ICD-10 publié par l’organisation mondiale de la santé. Le CIM décrit le trouble de la personnalité narcissique négativement, comme « un trouble de la personnalité qui n’entre dans aucune rubrique spécifique ». Le trouble de la personnalité narcissique est relégué dans une catégorie intitulée « Autres troubles de la personnalité spécifiques », qui inclut également les troubles excentrique, « haltlose », immature, passif-agressif, et psychoneurotique.
DSM-IV
Le patient présente au moins cinq des symptômes suivants :
• le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (par exemple, surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport) ;
• est absorbé par des fantasmes de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté, de perfection, ou d’amour idéal ;
• pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau ;
• montre un besoin excessif d’être admiré, ou d’être craint et célèbre ;
• pense que tout lui est dû : s’attend sans raison à bénéficier d’un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits ;
• exploite l’autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins (mensonges, chantages, violence verbale, etc.) ;
• manque d’empathie : n’est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui ;
• envie souvent les autres, ou croit que les autres l’envient ;
• fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains.
CIM-10
Le CIM-10 décrit le trouble de personnalité narcissique comme un trouble de la personnalité qui « n’entre dans aucune des catégories spécifiques » F60.0-F60.7. Le trouble de la personnalité narcissique est donc le trouble de la personnalité qui n’entre pas dans les catégories :
• F60.0 Trouble de la personnalité paranoïde ;
• F60.1 Trouble de la personnalité schizoïde ;
• F60.2 Trouble de la personnalité dissocial ;
• F60.3 Trouble de la personnalité borderline ;
• F60.4 Trouble de la personnalité histrionique ;
• F60.5 Trouble obsessionnel compulsif ;
• F60.6 Trouble de la personnalité évitante ;
• F60.7 Trouble de la personnalité dépendante.j

Causes hypothétiques
L’étiologie de ce trouble est encore assez peu connue8. Toutefois, certaines causes sont admises comme pouvant être à l’origine du trouble7 :
• caractère hypersensible à la naissance ;
• être utilisé par ses parents comme moyen de réguler leur propre estime de soi ;
• maltraitance émotionnelle sévère durant l’enfance ;
• n’avoir pas été flatté pour leurs qualités personnelles par leur entourage ;
• mauvaise estime de soi durant l’enfance ;
• absence de soutien réel de la part de l’entourage et rancœur à leur égard ;
• avoir appris des comportements manipulateurs de ses parents.
Certaines caractéristiques narcissiques sont communes et normales dans les phases de développement. Lorsque ces caractéristiques s’accompagnent d’un échec de l’entourage et des relations interpersonnelles, et s’étendent à l’âge adulte, ils peuvent s’intensifier jusqu’à devenir trouble de la personnalité narcissique9. Certains psychothérapeutes pensent que l’étiologie du trouble est, en termes freudiens, le résultat d’une fixation à la jeune enfance10. Lorsqu’un adolescent ne reçoit pas suffisamment de reconnaissance pour ses talents entre dix et seize ans, il pourrait souffrir d’un trouble de la maturité et rester dans la phase narcissique de développement.

Données cliniques
Le trouble de la personnalité narcissique peut résulter d’un sentiment d’inadaptation et de défectuosité personnel. Ce sentiment peut aller jusqu’au point de croire que les autres ne pourront l’accepter11. Cette croyance est totalement inconsciente, et les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité narcissique nieraient un tel sentiment si elles étaient questionnées en ce sens. Afin de se protéger contre le rejet extraordinairement douloureux et l’isolement (imaginés) qui s’ensuivraient si les autres se rendaient compte de leur nature défectueuse, ces personnes développent de puissantes protections afin de contrôler ce que les autres perçoivent et leur comportement à leur égard12.
Ces symptômes ont tendance à isoler les sujets, sont particulièrement douloureux pour la personne ainsi que pour son entourage direct.
Les personnes narcissiques ont souvent un besoin de contrôle important, une tendance à la critique et à l’égocentrisme. Ils acceptent difficilement les avis différents, n’ont pas conscience des besoins des autres, ni des effets de leur propre comportement sur leur entourage. Ils se montrent intransigeants et attendent des autres qu’ils les voient tels qu’ils désirent être vus13. Ils peuvent aussi être très exigeants face à leurs enfants, les voyant comme des extensions d’eux-mêmes, et voulant par là-même que leur enfant les représente dans le monde comme ils se fantasment14(ainsi est rapporté le cas d’un père narcissique qui était avocat et exigeait de son fils, qu’il avait toujours traité comme son favori, d’entrer dans la profession légale. Lorsque son fils choisit une autre carrière, le père le rejeta et le déprécia).
Ces caractéristiques mènent les parents souffrant de troubles de la personnalité narcissique à être très intrusifs dans certains domaines et très négligents dans d’autres domaines. Différents types de « punitions » peuvent être utilisés afin que les enfants agissent comme leurs parents en ont besoin ; comme la maltraitance physique, des crises de colère, le blâme, la culpabilisation, l’abandon émotionnel, etc14.
Les personnes souffrant du trouble de la personnalité narcissique se sentent communément rejetées, humiliées, et menacées. Pour s’en protéger ces personnes utilisent souvent le dédain, la résistance à toute forme de critique, réelle ou imaginaire15. Afin d’éviter de telles situations, certaines personnes narcissiques abandonnent toute vie sociale et peuvent feindre la modestie ou l’humilité. Dans le cas du sentiment d’absence d’admiration, d’adulation et d’affirmation, le sujet peut aussi manifester des désirs d’être craint et d’être célèbre.
Même si les individus souffrant du trouble de la personnalité narcissique sont souvent ambitieux et réussissent, leur inaptitude à supporter les déboires, les désaccords et les critiques, ainsi que leur manque d’empathie, rendent les collaborations professionnelles de long terme avec ces individus difficiles16.
De nombreuses théories font état de liens entre le trouble de la personnalité narcissique et le sentiment de honte17.
Glen Gabbard suggère que les liens entre trouble de la personnalité narcissique et sentiment de honte se divisent en deux catégories18 : le type « inconscient », qui est grandiose, arrogant et insensible, et le type « hypervigilant », facilement blessé, hypersensible et honteux. Il suggère que le type « inconscient » présente un moi grand, puissant, grandiose qu’il veut admiré, envié, apprécié, un soi qui est l’antithèse du moi interne affaibli caractéristique de l’état de honte. C’est ainsi que le moi interne se défend contre la dévalorisation, tandis que le type « hypervigilant » neutralise la dévalorisation en voyant les autres injustes. Le type « hypervigilant » ne se défend pas contre la dévalorisation ; il en est obsédé.

Traitement et pronostic
La plupart des psychiatres et des psychologues considèrent le trouble de la personnalité narcissique comme un état relativement stable lorsque c’est le principal symptôme14. James F. Masterson présente une des principales approches pour traiter le trouble narcissique, tandis que Johnson12 discute d’un continuum de types de cas et de types de thérapies dans chaque cas. De façon générale, le narcissisme est une des composantes les plus profondes de la personnalité, plus qu’un désordre chimique, et le traitement médicamenteux est souvent sans effet. La Schema Therapy, une forme de thérapie développée par Jeffrey E. Young qui intègre différentes approches thérapeutiques (psychodynamique, cognitive, comportementale, etc.), offre aussi une voie possible pour le traitement du trouble de la personnalité narcissique19. Il est assez rare que des patients se présentent pour chercher une thérapie à leur trouble narcissique. Les peurs subconscientes d’exposition et d’inadéquation causent souvent un dédain défensif du processus thérapeutique

A propos du livre édité par Pr S DOUKI
“”داعش آخر الطوباويات القاتلة” “Daech, la dernière utopie meurtrière” . Ed l’Harmattan”
Certains de nos jeunes sont sous l’emprise d’idéologies religieuses extrémistes et sont emportés par des idéaux fictifs (irréels) de l’au-delà !
Une explication psychosociale nous est donnée par des experts en la matière : Pr Saida Douki Dedieu & Dr Hager Karray.
‎إنسياق بعض الشباب و طاعتهم العمياء للفكر الدّاعشي له أسباب بسيكوسوسيولوجية
Daech : des adolescents en déshérence Hager Karray-Saïda Douki-Dedieu Sfax.
Sur cette question de Daech, trois axes de réflexion ont retenu notre attention :
– la création d’un proto-État dit islamique (à l’instar du proto-État juif dans les territoires israélo-palestiniens à l’aune de la montée du sionisme), Daech�- l’attractivité qu’il exerce sur des jeunes du monde entier, qu’ils soient musulmans ou récemment convertis,
– et la violence et la haine qu’il déploie pour terroriser tous ceux qui ne font pas allégeance à leur projet de restitution de la Oumma Islamiya et du Califat.
C’est sur le second point de notre réflexion que j’aimerais revenir et, avec Madame la professeure Douki-Dedieu, analyser sur ce qui nous a le plus interrogé, concernant les jeunes tunisiens, à savoir, la capacité de détruire, de tuer son compatriote, et tout être humain, en toute défiance et indifférence par rapport à un acte aussi immonde.

Nous sommes interpellés de fait par les chiffres de l’immigration de jeunes djihadistes qui montrent que la Tunisie est le premier pourvoyeur de combattants en Syrie, dont la plupart (80°/°) ont rejoint les rangs de Daech. avant l’Arabie Saoudite, la Jordanie, le Maroc et le Liban. Notons également que la France est également en tête des pays européens en ce qui concerne le départ de jeunes français musulmans ou convertis, pour renforcer le combat armée de l’EI.
L’analyse que nous avons menée pour identifier les différents facteurs qui ont préludé à la radicalisation de ces jeunes a mis en évidence 03 volets fondamentaux :
– le premier concerne l’adolescent lui-même. En effet, il est établi que dans la grande majorité des cas de départ vers la Syrie, il s’agit d’un adolescent dont l’âge moyen oscille dans des extrêmes allant de 12-14 ans à 25-35 ans.�Cette période de l’adolescence est réputée pour être difficile, marquée par l’avènement de la puberté et des transformations corporelles qui l’accompagnent, et par une crise psychique de rébellion et de contestations des valeurs familiales établies.
En effet, pour passer de l’enfance à l’âge adulte, l’adolescent est contraint à l’émancipation, c’est-à-dire de se séparer de l’amour infantile qui le liait à ses parents pour s’autonomiser et trouver dans la société à laquelle il appartient d’autres modèles d’identification et objets d’amour. Cette séparation nécessaire de l’adolescent et de sa famille est douloureuse et elle l’est d’autant plus que ses pulsions sexuelles et de vie, se mobilisent, et qu’il a du mal à les canaliser.�La confrontation à l’autre sexe n’est pas toujours facile à appréhender. Cette altérité fait peur, et il est fréquent que les premières expériences sexuelles se font avec un ami du même sexe avant de franchir le pas vers l’autre. Dans notre pays où la sexualité est encore taboue, les difficultés de l’adolescent dans son rapport avec la sexualité sont plus compliquées. Entre le désir sexuel qui l’assaille et l’interdit qui le culpabilise, l’adolescent se cherche. Souvent confronté à la loi du silence, l’adolescent tunisien (plus encore lorsqu’il s’agit d’une adolescente) vit dans une sorte de duplicité où il s’agit avant tout de taire ce qu’il vit dans son corps et de réprimer ses fantasmes les plus secrets. La masturbation par exemple est tellement interdite et condamnable, qu’elle est culpabilisée. Pire encore, la question du sexe lui-même peut être déniée, au point où l’adolescent évoluera castré de son sexe. Les conséquences de cette opération psychique du déni du sexe seront, au mieux pour la femme, des dyspareunies (douleurs lors de l’acte sexuel)et au pire un vaginisme qui bloquera toute tentative de pénétration, et pour l’homme, une impuissance primaire de son sexe et un non-désir pour l’autre sexe.
Par ailleurs, la question de l’objet sexuel sur lequel va s’orienter le désir de l’adolescent peut être hétéro ou homosexuel. Un désarroi peut naître de cette découverte de l’adolescent, qu’est le désir pour un objet du même sexe. Outre le fait que l’homosexualité est très mal perçue sur le plan social et qu’elle dévalorise toutes formes de féminisation de l’homme, elle est, dans notre pays, une infraction pénale passible de prison, comme ce fut le cas récent à Kairouan des six jeunes condamnés à 03 ans fermes pour pratiques homosexuelles (ce qui évidemment contredit la loi constitutionnelle de 2014 concernant le respect des libertés individuelles).
Au mieux, certains adolescents pourront sublimer leurs pulsions sexuelles en s’investissant dans les études, le sport, le théâtre, mais aujourd’hui encore, les études et la culture subissent un tel déclin, que la voie de recours la plus positive pour surseoir à la question sexuelle se ferme de plus en plus, au dépens de l’apparat et d’un narcissisme de façade.
Le vagabondage sexuel et la quête de performances n’est pas forcément le signe d’une bonne santé sexuelle. Il ne s’agit pas de consommation d’objets jetables et la jeune fille comme le jeune garçon doivent être éduqués au respect de l’autre, à l’amour qu’on lui porte, aux dispositions psychologiques qui lui permet de donner son consentement etc.
Tous ces exemples ne sont pas exhaustifs et chaque adolescent est unique. Chacun a ses difficultés à affronter, ses désirs à exprimer, ses expériences à vivre. Il est bien entendu qu’un adolescent est particulièrement fragile et qu’il n’a pas encore les moyens de maturité neuropsychologique pour évaluer les situations auxquelles il est confronté et cela d’autant plus que les repères familiaux sont remises en question et qu’elles sont supplantées par le groupe. Le chef de bande et idéalisé et l’adolescent a tendance à se soumettre à ses décisions, selon qu’elles soient positives ou non. Dans tous les cas, la tendance de l’adolescent au franchissement de certains interdits est toujours de mise, à des degrés divers. Il faut savoir que la répression éducationnelle, la surveillance étroite qu’exercent certaines mères à l’endroit de ses enfants, l’intrusion dans leur vie privée (écoutes téléphoniques, surveillance de ses écrits sur facebook etc.), sont contre-productifs. C’est dans un climat de confiance et de bienveillance, que l’adolescent pourra maintenir avec sa famille un lien sûr, sans risquer l’ire de ses parents et de leur opprobre.
Tout ceci pour dire que, l’adolescence est une traversée difficile, remplie d’embûches pour le jeune en devenir. Dans cette traversée, l’adolescent est en quête de lui-même. Il se construit progressivement une identité : celle qui le fait reconnaître comme étant unique et différent des autres, puis celle qui le fait reconnaître, dans son groupe d’appartenance comme les autres, avec les mêmes valeurs et les mêmes idéaux, puis, dans une anticipation de lui-même, comme un sujet en devenir, un projet d’être selon ses vœux et ses possibles, une réalisation de soi toujours à accomplir.
Et, parce que justement, l’adolescent est toujours ouvert sur l’avenir, qu’il est exposé à des rencontres, parfois néfastes, comme peuvent l’être les recruteurs de Daech.
– Sur le plan sociologique et politique, l’adolescence est un concept relativement récent, en particulier dans notre culture, où le sujet passait sans transition de l’enfance à l’âge adulte dès lors qu’il (ou elle) était pubère et qu’il était en capacité de travailler pour subvenir aux besoins d’une famille.
C’est sans doute avec la lutte pour l’indépendance de notre pays qu’une jeunesse militante s’est manifestée, sur la scène publique, pour réaliser son rêve commun de construction d’une Tunisie libre et souveraine. A la tête de ce mouvement indépendantiste, Habib Bourguiba, qui dotera la Tunisie d’une constitution moderne et sécularisée. L’islam était la religion des citoyens tunisiens mais l’État se devait d’être indépendant quant à la question religieuse. La Tunisie était donc de fait et de droit, un pays laïque.
A ce jour et,en dépit de la montée du fondamentalisme musulman, la nouvelle constitution est restée fidèle à celle de 1956. La singularité de la Tunisie est marquée par l’engagement fort et déterminant du combattant Habib Bourguiba d’émancipation de la femme tunisienne, du code du statut personnel qui lui a été octroyé, des droits intangibles auxquels toutes les femmes, même les plus conservatrices, restent attachées.
Jusqu’aux années 70, la jeunesse tunisienne estudiantine fut militante, influencée par une idéologie communiste, et celle travailleuse, engagée dans un syndicalisme puissant, face à un clientélisme politique et de corruption.�Le durcissement du régime a eu pour réponse un mouvement politique naissant d’éthique islamiste pour contrecarrer les velléités contestataires des jeunes étudiants et travailleurs socialistes.
Il s’agit là d’un point de bascule pour la Tunisie qui s’est inscrite dans « une nouvelle modernité » : celle de l’économie de marché et des valeurs de la mondialisation. Les conséquences de cette néo-réalité tunisienne ont bouleversé un ordre social et éthique dont on mesure aujourd’hui l’ampleur et la gravité.
En effet, en Tunisie, les valeurs sociales et familiales sont conservatrices dans le sens le plus noble du terme, du respect des institutions, de la hiérarchisation patriarcale de la famille, du respect des aînés, de l’école et des enseignants, du savoir, du travail.
bien accompli etc. Les familles n’épargnaient pas leurs efforts pour financer et soutenir leurs enfants dans leurs études. Leurs espoirs n’étaient pas vains car le mérite était reconnu et valorisé, et les organismes sociaux prenaient le pas sur celui des parents, en octroyant des bourses d’études y compris pour ceux qui partaient étudier à l’étranger.
Aujourd’hui, les valeurs traditionnelles ont été battues en brèche au profit de l’objet de consommation. Les efforts consentis par les parents sont désormais orientés vers la satisfaction de la demande de leurs enfants qui, des baskets Nike au djinn Levis, de l’i-phone à la tablette, sont obligés de se saigner aux quatre veines, de s’endetter auprès de créanciers, ou de contracter des crédits à la consommation. Ils sont eux- mêmes pris dans le piège des exigences du libéralisme économique de la société et se trouvent dans l’obligation de satisfaire une demande, au risque d’être discrédité par leur enfant et de se montrer insuffisant à leurs yeux.
Cette perception de parents défaillants est très prégnante dans nos sociétés post- modernes, et c’est plus particulièrement le père qui est destitué.�En effet, le père dans nos familles traditionnelles tunisiennes a une place privilégié. Et, même si la mère est le plus souvent complice de ses enfants, il n’en demeure pas moins que le père occupait, jusque-là, une place d’exception. Tant que son autorité était respectée, il restait le chef de famille. Mais, aujourd’hui, il a perdu de sa belle. Il a perdu tous ses pouvoirs : son épouse travaille, tandis qu’il est au chômage. Son statut dans la famille rivalise avec celui de sa femme dont les droits sont préservés. Il est dénigré dans sa fonction de père par ses enfants qui peuvent davantage compter sur leur mère pour se payer leurs cigarettes, le café, voire les canettes de bière ou les bouteilles de vin. Le règne de la mère s’installe dans la famille et le pouvoir de celle- ci n’est plus négociable. Un pervertissement de la famille et de la société s’établit, où la mère devient la déesse-mère, la Mère-Toute (puissante), celle que Dieu a reconnu comme unique, puisque le paradis lui est dévolu, sous ses pieds.
Aujourd’hui, les valeurs sont celles de la petite débrouillardise, du marché parallèle, du trafic de drogues ou d’armes, du blanchiment d’argent, de la prostitution y compris celle des étudiantes, et in fine de l’enrichissement comme une fin en soi, quels qu’en soient les moyens.
Si le clivage de la société tunisienne divisait la bourgeoisie ottomane beylicale des autres autochtones, l’arrivée de Bourguiba au pouvoir et son mariage avec Wassila Ben Ammar est venu démocratiser la société tunisienne, en favorisant une classe sociale intellectuelle qui avait pour mission de construire les institutions de l’État et de privilégier une élite tunisienne mondialement reconnue.
Malheureusement, le clivage s’est déplacé dans une nouvelle lutte de classes entre citadins et paysans, ce qui a eu pour conséquences, une exode rurale massive issue des régions du nord-ouest de la Tunisie, en direction de la capitale, et la création de cités dortoirs misérables et salubres.
C’est dans cette main-d’œuvre bon marché que se recrutent les femmes de ménage, les maçons, qui vivent dans une précarité sociale et sanitaire difficilement soutenable. De la même façon, les jeunes qui n’ont pas émigré de leur ville, subissent le même sort, le chômage des jeunes étant terrible, y compris pour les jeunes diplômés.
Une fracture incontestable s’est produite dans notre pays et le fossé ne cesse de se creuser sur les plans intellectuels, culturels, politiques et économiques.�Cette division du pays est celle que l’on observe aujourd’hui sous l’angle politique. Deux camps s’opposent : les laïques (issus de la moyenne bourgeoisie, intellectuelle et francophone d’un côté, et les islamistes, issus du peuple, arabophones et non moins intellectuels mais conservateurs).�Chacun des deux camps se reconnaît dans son éthique, pour les uns occidentalisés, francophones et libertaires, pour les autres arabophones et religieuses, inscrite dans une identité strictement communautarisée.
– De ces deux aspects que nous venons de traiter, découlent l’idée que l’avènement de Daech sur la scène internationale, est l’expression d’enjeux identitaires qui se mobilisent autour de valeurs justes et vraies : un islam des origines avec une lecture littéraliste et rigoriste (où un chat est un chat), un projet expansionniste de reconstruction de la Oumma Islamiya, à la gloire de Daech, qui est aussi le projet individuel de tout « vrai » musulman, une restitution du Califat et de son pouvoir sur ses administrés.
La question identitaire de tous ces adolescents qui regagnent l’EI est centrale. En effet, ces jeunes adolescents « sans histoires », c’est-à-dire qui n’ont jamais fait de remous, ni dans leur famille ni dans la société où ils vivent, ceux-là même qui sont fragilisés par une situation politique et sociale qui ne leur offre pas de valeurs auxquelles ils peuvent se raccrocher, et qui, sur le plan psychologique, n’ont pas d’assises psychologiques sécures qui leur permettent d’évoluer, de se séparer, sans risquer une angoisse d’ annihilation, une destruction fondamentale de leur être.
Ces adolescents, qui n’ont pas à proprement parler de pathologie psychiatrique, ont une structure fragile. Ils sont « influençables », parce qu’ils sont à la croisée des …

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